Fruit de l’union de deux familles de faïenciers, Revol a vu neuf générations se succéder à sa tête. Enfant de la manufacture, Olivier Passot en incarne aujourd’hui le visage. À l’orée du 250ème anniversaire de l’entreprise, il retrace avec fierté son histoire et puise dans ses racines la raison d’être d’un travail quotidien tourné vers l’avenir. Selon le chef d’entreprise, Revol doit savoir se conjuguer au passé pour mieux s’exprimer au futur…
L’EMPREINTE DES SENS
Élevé non loin de la manufacture, Olivier se souvient, dès le plus jeune âge, y avoir rendu visite à son père Bertrand Passot alors aux commandes. Les souvenirs d’enfance,
fragments de mémoire sensorielle, sont tenaces et souvent cruciaux dans la construction d’un destin.
L’odeur typique des abords de l’usine, la chaleur envahissante de son four, la poussière volatile qui blanchissait immanquablement les petits pieds et les sourires des ouvriers à la vue de l’héritier supposé… L’atmosphère enveloppante de la manufacture s’insinue déjà dans le quotidien du petit garçon sans présager pourtant du rôle déterminant qu’il allait y prendre.
Quelques années plus tard, Olivier Passot devait faire ses tout premiers pas dans la vie professionnelle au sein de l’industrie en se frottant chaque été à ses différents corps de métiers. Jeune assistant au transport des moules, il s’essaie l’année suivante au coulage pendant plusieurs semaines, avant d’être assigné vers l’âge de 15 ans à la fabrication des pâtes dans le bâtiment du battoir situé quelques mètres plus loin. De ces périodes intenses et initiatiques, il gardera une conscience certaine de l’effort, et les souvenirs doux du travail au sein d’une équipe joyeuse.
Loin d’être ressentie comme une obligation, la transmission de l’entreprise s’est ainsi construite progressivement au fil des souvenirs.
LE GOÛT DU RISQUE
Après des études de commerce international marquées par un stage aux États-Unis, Olivier Passot entame sa carrière dans une entreprise de transport avant de travailler pour un grand groupe textile. En 1999, son père l’appelle à ses côtés chez Revol pour développer le marché américain. Il intègre alors l’entreprise familiale et gravit les échelons comme n’importe quel salarié. Ou presque.
À 58 ans, Bertrand Passot prépare déjà son départ, soucieux d’ouvrir la voie à son fils aîné. Deux ans plus tard, en 2007, Olivier prendra la tête de l’entreprise, bien décidé à y apposer sa griffe comme l’ont fait, avant lui, ses aïeux.
En remontant le fil de l’histoire de la manufacture, il note que le goût du risque est commun à tous ses prédécesseurs qui ont su, chacun en leur temps, moderniser l’entreprise sans toutefois trahir ses valeurs fondamentales. Serait-ce là le secret de la longévité ?