Conjonction de forces vives et de talents complémentaires, toute entreprise repose sur un équilibre fragile. Si elle est exceptionnelle, la longévité de la maison Revol ne tient pourtant pas du miracle mais d’une construction progressive. Sur les fondations solides d’une mémoire commune, s’écrit désormais le quotidien passionné et affairé d’une entreprise hors norme. À l’occasion de son 250ème anniversaire, la manufacture a confié à l’artiste Mathias Souverbie le soin de formaliser ce vécu particulier par le biais d’une sculpture éloquente.
Avec son tronc vigoureux composé de strates en pâte noire successives imbriquées savamment les unes aux autres, l’arbre de l’artiste figure les générations de travailleurs qui ont contribué à la construction de Revol comme l’enracinement de la manufacture dans sa terre d’origine. Un mobile constitué de branches en métal et de feuilles en céramique translucides vient coiffer le socle, symbolisant l’écosystème actuel bouillonnant de l’entreprise. Ici, chaque feuille contribue à l’équilibre d’un ensemble harmonieux qui vient défier les lois de la gravité, comme celles du temps qui passe.
Si cette notion de balance a été cher à l’artiste dans la phase de conception du projet et dans l’esthétique de la pièce, sa fabrication même témoigne d’un parfait équilibre dans le travail. Entre Philippe Peres, directeur R&D chez Revol et Mathias Souverbie, les échanges furent aussi fluides que prospères. Ancien modeleur, l’artiste n’a eu aucun mal à cerner les exigences de la matière première pour mieux lui rendre hommage, tandis que l’expert Revol a veillé à pleinement respecter la création originellement proposée. À l’issue d’une année d’essais, de réussites, de modifications, d’affinages et d’allers retours entre le créateur et les différents métiers de la manufacture – notamment le département modelage représenté par Patrick Currat et Chloé Andreutti, l’arbre d’un mètre quatre vingt peut aussi se targuer d’être un pont entre deux univers.
Aguerri au travail d’équipe, Philippe Peres est habitué à collaborer avec des designers. Sa participation à une œuvre artistique, en revanche, était une première. Outre le respect du talent créatif du sculpteur, sa contribution a permis de mettre en lumière les savoir-faire exceptionnel de la manufacture Revol. La translucidité des feuilles, la maitrise de la pâte noire, comme les assiettes qui viennent s’insérer dans le tronc, constituent, au delà des parti-pris esthétiques, une démonstration inédite et éloquente du travail quotidien des ouvriers.